Article du 28 mars 2014.
Poker : sport ou guerre ?
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« Le poker c’est la guerre… déguisée en sport. »
Charles Lamb
1. N’en déplaise à Roger Hairabedian, qui le dit et le répète à l’envi, je pense pour ma part, avec tout le respect dû à sa personne, que le poker ne sera jamais un sport. Et même s’il fait de gros efforts pour perdre la surcharge pondérale qui le handicape, même s’il est l’ancien grand sportif que l’on sait, je lui rappellerai simplement qu’il a gagné ses bracelets à une époque où il était fort bas de poitrine, comme dirait mon ami breton Obélix. Un jeu, un plaisir, une passion, un Kriegspiel… Oui, le tout nécessitant certes, une condition physique et un mental ad hoc, mais le poker ne saurait être un sport à part entière. Pourquoi ? Les raisons ne manquent pas. Je vais en développer succinctement quelques unes.
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♠ Je ne connais pas de sport qui dure 12 heures et plus, qui enchaîne des compétitions nuit et jour ne nécessitant ni visite médicale obligatoire (notamment cœur, hypertension, sur-poids…) ni licence régionale, nationale, européenne ou internationale.
♣ Je ne connais pas de sport où il suffit de payer un engagement pour prendre part à une compétition, sans dépendre d’une Fédération. Sans avoir de classement, de licence de conduite etc…
♥ Qui mélange les novices et les professionnels, des jeunes femmes de 18 ans et des seniors dépassant 80 ans.
♦ Où des handicapés jouent à armes égales contre Nadal ou Ronaldo.
♠ Qui, lorsqu’on a fait un faux départ, une chute ou un dérapage, permet de prendre un nouveau départ en payant, ce, autant de fois que l’on souhaite (ou que l’on peut financièrement) suivant des règles différentes dans chaque pays ou établissements.
♣ Dont le facteur chance soit déterminant à ce point sur le résultat.
♥ Dont les règles de conduite sont édictées suivant l’humeur des organisateurs, des Cercles ou des Casinos.
♦ Qui n’a pas de règlement évolutif en fonction des décisions prises au fur et à mesure, partout dans le monde. Un peu comme une jurisprudence « sportive ».
♠ Maintenant, si l’on considère que tous les joggeurs du dimanche sont des sportifs, admettons alors que le Monopoly et le jeu de l’oie sont également des sports.
♣ Il n’existe pas de sports où les grands professionnels ne payant pas leur buy in, leur entrée, leur volant (ex. 24H du Mans), leur engagement… se permettent de « mettre plus bas que terre » un novice qui paye son « buy-in » avec son salaire et ses économies, parce qu’il gagne un coup alors que leur logique pokéristique eut voulu :
1. Que le novice en question en connaisse autant sur le poker que tous les champions et fold sa main. (donc soit prévisible…).
2. Que le novice n’aille pas chercher une carte improbable qui néanmoins, a une chance de tomber. (la preuve…).
3. Qui acceptent les débutants pour faire grimper le prizepool mais à la seule condition qu’ils ne gagnent pas… ou peu !
4. Qui engueulent les joueurs ou « sportifs débutants » parce qu’ils provoquent des « accidents » non prévisibles. Alors que 9 fois sur 10, ils s’en réjouissent !
2. En revanche, là où les idées de Roger prendraient tout leur sens, c’est si le poker était reconnu comme un jeu de cartes style bridge ou tarot. Que l’aspect pécuniaire obligatoire, donnant au poker les montées d’adrénaline et les frissons que nous attendons tous, revête un ratio risque-récompense extrêmement précis et partout identique. A cette condition, les autorités et l’ensemble des joueurs y retrouveraient leurs petits et le poker perdrait cette image négative dont elle ne se débarrassera jamais, si rien ne change. Nous savons tous que le poker deviendrait fade s’il n’était agrémenté du frisson et des poussées d’adrénaline, non pas au moment du gain ou de la perte, mais à l’instant T de la découverte de la dernière carte ! Puis de la sanction qui tombe : gagné ou perdu. Vous ne serez peut-être pas d’accord avec moi, mais je trouve que certains joueurs trouvent autant de « plaisir » à perdre ou à presque-perfer, qu’à gagner !
Retirer l’argent ou la récompense du poker, ce serait un peu comme si l’on voulait remplacer après 20 ans de passion, de goût, d’addiction, d’habitude, etc… le Ricard ou le Pastis par du Blancard ou autre ersatz non alcoolisé !
Ce qui manquerait à ces buveurs-sportifs (lol), ce ne serait pas la boisson, ce serait l’ivresse ! A cet égard, Audiard a connu nombre de joueurs de poker « qui se sont gâtés la main à l’anis ! »
Hummer Sport ?
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Là ou l’idée de Roger, qui me rejoint à cet égard (et sans doute d’autres joueurs avant lui), revêt toute son importance, c’est que si Audi, Neslé et/ou DHL financent des Équipes ou des Team sportives en division 1, 2 ou 3, le poker prendra ses marques et ses lettres de noblesse comme la pétanque, le bridge ou le badminton. Il y aura une Fédé, des licences et tout le bataclan. Il prendra sa place au sein des programmes de sport et/ou loisirs retransmis à la TV comme d’autres passions le sont. Et les heures de prime time et/ou de rediffusion inonderont les canaux sportifs et petit à petit, les chaines grand-public. Après, sport ou guerre, peu importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse ! C’est ici, en amont, que des investisseurs sérieux peuvent nous aider à fonder la seule start’up qui pourra réussir demain. Et lorsque les business-plans, les plans media et Mktg seront en place, ce sera la course entre les 2 rooms pour tenter de prendre le train en marche. Un peu tard. La question étant : quel annonceur, qui le premier, osera se lancer dans le poker ? J’ai une petite idée. Que je soumettrai en temps utile à Roger car, en cette occurrence, il a été le premier à m’en confier les tenants et aboutissants dans une ITW exclusive. A suivre… A noter de toutes façons, que dans la pensée des femmes et des hommes, flottent encore dans le poker comme des relents de prohibition. Un souffle non pas de machisme mais de masculinité… Maintenant, que le poker soit ou non un sport, on s’en bat les flancs. La rhétorique sur ce sujet ne sert qu’à alimenter les canards en mal de contenu. L’essentiel étant que notre passion perdure.
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Hummer Guerre ?
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