La fin des France Poker Series, tout ça pour ça !
Le poker, comme le monde d’ailleurs, ne cesse de se mondialiser, et c’est toute la planète qui en fait les frais. 2016 n’aura donc, dans notre petit hexagone, pas été que la mort de l’esprit Canal, le poteau d’André-Pierre Gignac ou la trahison de Macron qui depuis, au moins, a su s’entourer de gens avec la même morale volage que lui. 2016 c’est aussi, dans le microcosme fascinant du poker français, l’annonce par l’organisateur PokerStars de la fin, après six saisons de haut et de bas, des France Poker Series. Si la popularité de ces tournois auprès du grand public restait limitée, il avait toutefois une réputation agréable auprès des joueurs de poker, même si tout le monde savait depuis longtemps que cela sentait le sapin.
Les premières saisons, à l’image de la plupart des séries télévisées, avaient été riches en promesses et en beaux moments et, stupides que nous sommes de ne pas avoir retenu les leçons de nos heures de visionnage de X-Files et autres Le Prisonnier, certains n’ont pas vu venir la déliquescence des années qui a fini par conduire à son annulation pure et simple (enfin pas tout à fait si pure et si simple que cela comme vous le verrez ci-dessous). Les trois premières saisons comptaient entre cinq et huit épisodes, alors que les trois dernières n’en comptèrent que trois ou quatre. Message on ne peut plus clair que quelque chose ne tourne pas très rond. Inutile de ressasser plus en détails les péripéties de ces six années de tournois, cette vidéo compilée par Tapis_Volant et les équipes de Kawa Prod le fait suffisamment bien pour nous.
On retiendra donc quand même que la mort du seul tournoi franco-français aura eu lieu à Deauville, du 20 au 25 septembre 2016, avec un Main Event remporté par le français Gabriel Nassif, mais l’essentiel est ailleurs. La question qui se pose, alors que les cercles de jeux parisiens ont pratiquement tous disparu, à l’exception du Cercle Clichy-Montmartre, sera-t-il encore possible de jouer au poker en France ? Ou, alors que celui-ci devient de plus en plus populaire, aussi bien en France que dans les contrées les plus lointaines, deviendra-t-il paradoxalement plus compliquée de trouver une table ouverte ? Alors qu’il était si facile de jouer de mon temps, à un époque où, pourtant, des tournois de poker organisés nationalement faisaient frémir les plus téméraires des autorités publiques de régulation du jeu…
Je ne voudrais pas critiquer tous les petits jeunes qui se ruent sur les sites en ligne dès qu’ils en ont fini de soigner leur acné ou de regarder une imbécillité appelé C8 (probablement nommée ainsi pour la moyenne d’âge de ses spectateurs, ou de ses animateurs), mais il y a quelque chose de navrant de voir que le poker se démocratise en même temps qu’il se paupérise. Où sont passés les cercles fermés où l’on pouvait se retrouver entre gens honnêtes et sérieux, sans avoir de prétentieux adversaires de 20 ans, aux habits flashy disparaissant sous les marques, venir vous regarder de haut comme s’il croyait vraiment pouvoir lire dans votre esprit ?
Mais ne me faites pas passer pour un pessimiste grincheux car non, je le dis, je l’avoue, l’avenir n’est pas noir. Je parle là, bien entendu, de l’avenir du poker en France, car l’avenir tout court de la planète et de la France en particulier se rue à sa perte mais j’ose espérer que je ne vous apprends rien en vous confiant cela. En effet, les France Poker Series ont disparu donc, mais pour revenir tout beau et tout nouveau en 2017, sous une appellation plus internationale, les PokerStars Festival, qui regroupent en fait tous les tournois de petite envergure organisés par la room au pique rouge, tels que les Italian Poker Series ou les Estrellas et Eureka Poker Tour. Et, pour ne pas faire de jaloux, certainement dans un souci de ne froisser personne, des grands champions de sa Team Pro tels que Negreanu, aux joueurs lambda de son site internet, PokerStars a aussi supprimé ses plus grands tournois comme l’European Poker Tour, le Latin American Poker tour ou l’Asia Pacific Poker Tour, pour eux-aussi les regrouper sous un même nom flamboyant, les PokerStars Championship.
Autrement dit, ce n’est pas la fin des tournois de poker dans l’Hexagone, youpi youpi ! Sauf qu’en regardant de plus près la programmation des PokerStars Festival, on ne trouve, et la politesse m’oblige à ajouter « pour l’instant » car la programmation n’est pas terminée, aucune étape en France parmi les huit déjà annoncées. Mais je ne serai point oiseau de mauvais augure et choisis, à mon grand étonnement, de voir le verre à moitié plein : un tournoi regroupant plus de pays pourrait permettre la tenue en France d’évènements poker enfin dignes de ce nom, avec un plateau de champions nationaux et internationaux vraiment relevé, ce qui nous changera des affrontements entre grands inconnus des France Poker Series.
Ainsi, j’oserai emprunter la formule consacrée par nos anciens amis royalistes, avant que l’Histoire ne s’en mêle, et au risque d’offenser les nostalgiques des FPS :
Le Roi est Mort, Vive le Roi !
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